vendredi 30 décembre 2011

Le retour des classes sociales : rapports de classes, rapports de sexes

L’émergence de la problématique du genre à partir de la fin des années 1970 a coïncidé avec le recul de la problématique des classes. Ce basculement est une manifestation de la tendance récurrente de la recherche, mais aussi des médias et des discours politiques, à expliquer le mouvement des sociétés à partir d’un seul type de rapports sociaux, en écartant les autres.
Le livre de Roland Pfefferkorn, professeur de sociologie à l’université Marc-Bloch de Strasbourg et membre du laboratoire Cultures et sociétés en Europe du CNRS, vise à analyser l’ensemble des rapports qui se nouent entre les divers groupes sociaux, et en premier lieu entre classes et entre sexes. Car les hommes et les femmes entrent en relation de plus d’une manière. Leurs groupes d’appartenance sont multiples : classe, sexes, générations, « races »…
Pour la première fois, un même ouvrage dresse un bilan des principales approches sociologiques des rapports de classes et de sexes. Il débouche sur un ensemble original et fortement argumenté de propositions pour sortir des représentations unilatérales de la société et inscrire ces rapports dans le temps et dans l’espace.


Aller sur le site des Éditions La Dispute

jeudi 29 décembre 2011

Blog de Paul Jorion « BIG BROTHER MANGERA SON CHAPEAU ! »


Suffit-il de constater qu’un système a fait son temps pour que sa relève s’impose et qu’un autre système prenne sa place ? Pas si simple ! Par quel processus passe-t-on alors de l’un à l’autre ? L’histoire nous apporte à ce sujet des éléments de réflexion – car le capitalisme n’a pas toujours existé – mais pas les réponses que nous cherchons. Impliquant que nous réfléchissions un peu à l’aveuglette, nous projetant dans l’inconnu afin d’innover et concevoir l’inédit. A comprendre à la fois quel pas en avant il faudrait accomplir et vers quelle société celui-ci nous mènerait, car les deux démarches sont étroitement liés. Parvenant enfin à décrire le nouveau système qui devrait être substitué à l’actuel. Alors qu’une tentative, dénommée socialisme et dans laquelle beaucoup d’espoirs ont été en leur temps mis, a tourné court. Nous faisant trébucher.

mardi 27 décembre 2011

Les retraites, une réussite historique à contrepied du capitalisme



Bernard Friot, L'enjeu des retraites

Les réformateurs et la plupart des opposants à la réforme actuelle des retraites, malgré leurs divergences, fondent leur diagnostic du prétendu " problème des retraites " sur les mêmes présupposés nous subirions un choc démographique, il serait impossible d'augmenter les cotisations qui alimentent les retraites, c'est un prélèvement sur la valeur produite par les actifs qui financerait les pensions, la justice voudrait que le montant des pensions soit déterminé par la somme des cotisations versées du temps de son activité. etc. Cet ouvrage répond à ces arguments et propose une tout autre analyse. Et si le problème démographique était une illusion ? Et si les pensions de retraite n'étaient pas un revenu différé mais un salaire continué. lié à la qualification ? Et si les retraités n'étaient pas des inactifs, comme le veut la statistique, mais des personnes différemment actives, enfin libres de travailler à l'écart du marché du travail ? L'enjeu des retraites c'est d'abord reconnaître et prolonger l'indéniable réussite humaine et politique des retraites. C'est également mettre en débat le statut du salaire et de la qualification pour tous, ainsi que le rapport au travail que nous voulons promouvoir. C'est seulement en posant de telles questions fondamentales que l'on pourra renouer avec les objectifs progressistes qui ont mené au système actuel et ouvrir une alternative sérieuse à la réforme en cours.

Lire une analyse de cet ouvrage

Rendre son mordant à la notion d’idéologie


La crise actuelle ébranle une idéologie néolibérale à la fois très forte et très fragile. Comment cette dernière a-t-elle conquis le monde ? Pourquoi a-t-elle rencontré un tel consentement ? Peut-on envisager une sortie par le haut du capitalisme ? En s’appuyant sur l’héritage de Marx, la philosophe Isabelle Garo tente de répondre à ces questions. Entretien.


lundi 12 décembre 2011

Education : l'école de l'égalité

Un état des lieux et des propositions
Par François Cocq
08 décembre 2011


Education : l'école de l'égalité
Les bien-pensants se pressent pour clamer sur tous les tons que l'éducation sera au cœur de la campagne présidentielle. Pourtant, les mêmes refusent obstinément d'envisager que cette « Ecole sanctuaire » soit en prise avec la société qui l'entoure. Leur vision des enfants et des jeunes élèves ne tient aucun compte de leur situation sociale et économique comme de celle de leurs familles et de leurs proches. Ce qui leur évite d'envisager les transformations sociales, écologiques et démocratiques pourtant nécessaires.
Le projet porté par le Front de Gauche est à contre-courant de cette approche. Nous voulons resituer l'école et le savoir dans la société du XXIème siècle. Et c'est à partir des besoins de celle-ci de l'intérêt général du pays dans le siècle qui commence, que nous voulons définir les missions de l'institution et des équipes pédagogiques. Notre projet éducatif est donc cohérent avec les grandes ruptures dont nous sommes porteurs pour le pays.
.../...

dimanche 11 décembre 2011

La « gentrification » : une lutte de classes dans l’espace urbain ?

L'appropriation de l'espace urbain par une classe sociale,
une analyse qui intéresse potentiellement les montrougiens

Anne Clerval, 12 novembre 2011

Pour voir la vidéo, cliquez ici !!

Avenir de l’Europe  : réflexions pour une stratégie alternative


Une analyse de Élisabeth Gauthier, Directrice d’Espaces Marx, membre du bureau de Transform ! Europe
24 novembre 2011

Au moment où ces lignes sont écrites, l’instabilité en Europe ne cesse de grandir et personne ne connaît le scénario qui se produira ces prochaines semaines. Ce n’est pas prendre de grands risques que de dire que l’on va vers des tragédies multiples.
Les sociétés européennes sont de plus en plus assujetties à des politiques d’austérité et de régression sociale. Dans ce cadre, les institutions et les gouvernements de l’UE renforcent le processus d’intégration mais en se tournant vers une voie autoritaire qui mine la démocratie. Cette sorte de capitalisme « décivilisé » déstabilise profondément les sociétés européennes. En Europe, la régression sociale et démocratique, le défaut de politique, l’érosion des forces de gauche pavent la voie d’une extrême droite populiste qui renouvelle avec succès son discours et ses pratiques pour les adapter aux conditions nouvelles. L’accentuation des contradictions, le développement de luttes sociales et politiques, l’émergence de crises de régimes politiques appellent comme jamais des alternatives crédibles pour changer de politique et l’Europe.
.../...


Crise et mouvement social en France

Retour sur un entretien avec Maryse Dumas, dirigeante nationale de la CGT
10 juin 2009



Gauthier/Crozat : L’unité syndicale dans les mobilisations actuelles est historique. Comment la caractériser?

Dumas : L’unité d’action syndicale aujourd’hui revêt un caractère tout à fait exceptionnel sous plusieurs aspects. La totalité des syndicats est engagée dans l’intersyndicale.
Le contenu des propositions avancées en commun vise à promouvoir des solutions pour surmonter la crise. Il vise à la fois le pouvoir d’achat et l’emploi, les politiques publiques, la régulation des marchés financiers internationaux. C’est sans précédent. Une intersyndicale de ce niveau a bien été créée pour obtenir après 4 mois de luttes le retrait du Contrat première embauche. Ce succès explique, pour une part, que nous ayons pu reconstituer une intersyndicale de salariés. Mais, en 2006, nous exigions le retrait d’un projet de loi ou d’une loi. Aujourd’hui, nous sommes sur des propositions alternatives à la crise. Une autre référence historique peut être trouvée dans l’accord national d’unité d’action, en 1966, entre la CGT et la CFDT. Mais seules deux confédérations syndicales en étaient parties prenantes.
L’importance de la crise mais aussi un certain nombre d’aspects qui ont précédé la crise et qui concernent le mouvement syndical lui-même expliquent cette démarche commune. Depuis plusieurs années tous les syndicats se rendent compte que, s’ils veulent peser sur la situation et être entendus par les salariés, ils ont intérêt à agir avec d’autres.
.../...

dimanche 4 décembre 2011

Réflexions sur la stratégie politique

Une contribution de Joël Auxenfans


Premièrement combien est bonne la construction du Front de Gauche ! D’abord parce que, pour ma part, je re-milite après vingt cinq ans d’interruption et que le Front de Gauche n’y est pas étranger. Ensuite parce que cela fait se frotter des organisations différentes, certaines historiques, d’autres plus jeunes, et que cela oblige à reconsidérer des habitudes ou des préjugés. C’est un bon brassage et voir en réunion ces gens d’organisations différentes se parler avec des positions très proches et différentes pour avancer ensemble, c’est extrêmement positif. Il y a aussi une idée qui devient neuve parce que placée dans une situation neuve : la crise est tellement profonde et violente, que l’idée de révolution devient aussi nécessaire que de nager lorsqu’on se trouve enfoncé dans un courant mortel. Aussi nous faut-il tous apprendre à nous parler, à construire, à lutter ensemble, et vite !!
Ce serait toutefois faire preuve d’un manque d’anticipation criminelle que de ne pas avoir envisagé l’hypothèse, qu’on peut imaginer avec un Hollande si faiblement à gauche, de voir au deuxième tour de la présidentielle, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy seuls en lice. Alors ? Et bien il faut avoir envisagé et préparé une riposte immédiate, opératoire les deux semaines avant le deuxième tour, et avec de la suite dans les idées :
Premièrement, si par exemple la somme des voix de gauche au 1er tour (PS compris), domine celles de droite, ce sera la preuve que la Vème république en l’état est anti démocratique. Tout le corps électoral, consterné de voir les deux champions de la violence droitière finir le scrutin à eux seuls, sera en attente d’une réponse politique à la hauteur de ce scandale. Il faudra que le Front de Gauche appelle tous ceux qui ne veulent pas de ces deux candidats à voter blanc, le vote blanc signifiant officiellement : ce scrutin est un traquenard, l’élu final n’est pas représentatif de l’électorat. Cette république truquée, on n’en veut plus ! Place à la VIème république tout de suite !
Si par exemple, le deuxième tour voit un nombre plus important de voix sur le vote blanc que sur l’un des deux candidats, cela déconsidèrera complètement et officiellement le candidat élu, puisque le vainqueur sera le vote blanc. Cela augmentera la crédibilité politique du Front de Gauche qui aura appelé à cette option, et cela popularisera immédiatement et pour les mois à venir, l’exigence de VIème république. Et (comme l’évoque Étienne Chouard sur son blog) les choses pourraient alors se précipiter, et se préciser dans un sens inattendu quelques mois auparavant, ce qui ressemble là bien à un processus révolutionnaire.

Joël Auxenfans
3.12.2011

vendredi 2 décembre 2011

Le travail souffre, c'est lui qu'il faut soigner !

Un entretien exclusif d'Yves Clot pour Metis


Vous êtes responsable d'une filière de formation de psychologues du travail. Pourquoi la prise en compte des risques psychosociaux (RPS) est-elle une fausse piste ?
Je regarde sans aucune arrogance le travail de tous ceux qui sont engagés dans une approche en termes de RPS ou de stress. On n'y échappe pas facilement aujourd'hui. Simplement, j'ai écrit ce livre, parce que la promotion de cette nouvelle catégorie de gestion des risques affecte l'exercice de notre métier. A partir d'un accord interprofessionnel sur le stress signé en 2008 s'installe un drôle de consensus autour de l'idée que les travailleurs n'auraient plus les ressources nécessaires pour faire face aux exigences de l'organisation. J'ai proposé de retourner le problème : et si on se mettait à considérer que ce sont les organisations qui n'ont plus les ressources pour répondre à l'exigence des salariés de faire un travail de qualité ? Alors, ce ne sont plus les travailleurs qui sont trop « petits », fragiles et à « soigner ».

C'est le travail et l'organisation qu'il faut soigner. C'est elle qui est trop étriquée et qui pousse de plus en plus de professionnels à endurer un travail ni fait ni à faire. Beaucoup de capacités et d'engagements sont gâchés, les ressources psychologiques et sociales des salariés sont gaspillées, leur énergie perdue dans des organisations qui la dissipe. Du coup, en schématisant bien sûr, il reste deux voies possibles ; soit on donne un nouveau destin à ces Ressources Psycho-Sociales refoulées, soit on ajoute à la « petitesse » des organisations actuelles une couche de gestion supplémentaire : la gestion des Risques Psycho-Sociaux. Mais c'est une couche de protocoles supplémentaire sur les protocoles existants. Comme vous le voyez, il y a RPS et RPS !  
.../...

Cessons de nous focaliser sur le déficit public


Christophe Ramaux
Maître de conférences en économie à l’université Paris-I 
et membre du collectif des Economistes atterrés

Le Monde
02 déc 2011



Front de gauche, le défi d’une véritable dynamique populaire

Jeudi 24 Novembre 2011
Dominique Crozat, Membre de la direction d’Espaces Marx


Les leçons de la primaire socialiste

La gauche de transformation a porté un regard très critique sur la primaire socialiste organisée en octobre dernier. Elle lui reprochait, notamment, son absence de démocratie  : la présidentialisation à outrance comme horizon indépassable du système alors que l’enjeu est une 6e République qui revivifie la démocratie et assure une véritable souveraineté populaire  ; la primauté du débat sur les personnes au détriment de la confrontation d’idées et de projets  ; l’enfermement dans le bipartisme en éliminant de la scène politique tout ce qui n’est pas LA droite incarnée par l’UMP et LA gauche incarnée par le Parti socialiste.
Paradoxalement, sans rien enlever aux critiques concernant les atteintes à la démocratie, cette primaire montre qu’existe en France un véritable besoin de démocratie, une envie de dire son mot, de peser. On est ici à contre-courant des discours sur le rejet du politique, même si, autant qu’on puisse le mesurer, ceux qui se sont déplacés font – sur le plan social – le plus souvent partie des fonctionnaires, cadres et couches moyennes et n’appartiennent pas aux couches les plus populaires.
Qu’on le veuille ou non, force est de constater que les trois millions d’électeurs environ qui se sont déplacés n’en ont pas jugé ainsi et que, pour eux, cette primaire était un authentique moment démocratique.
.../...
Lire la suite

mardi 29 novembre 2011

Sur le tobogan de la crise

Le Monde Diplomatique - Décembre 2011 - Extrait

























Pour aller plus loin
Et pour aller encore plus loin!!!

Soigner le travail : un enjeu politique, scientifique et artistique


Rencontre au Sénat. Vendredi 2 Décembre 2011, de 9h à 18h.
Avec la participation de : Michel Gollac, Alain Supiot, Pierre Veltz, Dominique Méda, Sébastien Sihr, Dominique Reigner, Alain Alphon-Layre, Emmanuel Couvreur, Jean François Foucard, Patrick Pelata, Alain Lejeau, Ludovic Tchoulfian, Didier Bezace, Nicolas Frize, Sylvie Giron.
Plusieurs sénateurs déjà nous ont assuré de leur intérêt et présence au cours du débat : Jean-Pierre Bel, Président du Sénat, Gérard Larcher, ancien ministre du travail, Annie David, présidente de la commission des affaires sociales, Jean-Pierre Godefroy, vice-président de la commission des affaires sociales, Martial Bourquin, vice-président de la commission de l’économie, du développement durable et de l’aménagement du territoire.
La question du travail sera t-elle présente dans le débat public à l’occasion de la future élection présidentielle ? Ce serait plus que légitime et peut-être même urgent. Mais rien n’est moins sûr.
Pourtant la France tient en la matière une place paradoxale. La synthèse réalisée au Centre d’Etudes de l’Emploi fait réfléchir : les Français sont, à la fois, ceux qui accordent le plus d’importance au travail en Europe et aussi ceux qui souhaitent le plus voir la place de celui-ci se réduire dans leur vie. C’est la marque, montre l’étude, d’une désillusion à la mesure d’attentes simultanément fortes et déçues, cultivées par une histoire nationale singulière. En France, le travail est devenu indéfendable aux yeux de beaucoup de ceux qui le font.
La France est aussi le pays, où « l’hostilité » des relations professionnelles entre dirigeants et dirigés prend la forme d’une méfiance chronique qui intoxique le travail, celui de tous les jours jusqu’au système des relations professionnelles instituées. Le conflit inhérent à la relation salariale est maintenant « empoisonné » dans notre pays comme nulle part en Europe. L’usage et les affrontements autour du droit du travail en porte la trace.
C’est connu, les indicateurs de la santé au travail sont « au rouge ». Les médecins du travail et tous les professionnels des services de santé au travail le répètent. En témoigne aussi le récent rapport du Collège d’experts sur les Risques Psychosociaux, comme les différents résultats des commissions parlementaires à ce sujet ou encore le rapport remis au Premier Ministre concernant les rapports entre bien être et efficacité dans le secteur privé. Il est inutile d’insister encore sur les drames dont de très grandes entreprises ont été le théâtre ou sur l’ « épidémie » de TMS qui grève si lourdement les comptes de l’assurance maladie.
Sous l’injonction de l’Etat et du ministère du travail, les plans d’action contre ces « risques » se multiplient dans l’urgence et les négociations sur le stress également sans qu’on soit sûr qu’on aille vraiment au-delà de satisfaire à des obligations légales. Le vrai risque psycho-social de la période est de multiplier les fausses solutions. C’est que le problème dépasse les simples dérives managériales au demeurant condamnables. Un peu « d’humain » n’y suffira pas. A défaut de soigner le travail -à tous les sens du terme- soigner les personnes est un puits sans fond.
Il n’y a pas que l’intensification du travail. Le fond du problème est la difficulté croissante qu’éprouvent de nombreux salariés à se reconnaître dans « un travail ni fait ni à faire », dans des tâches qui percutent trop l’idée qu’ils se font du travail bien fait. La qualité des produits du travail qui défraie presque quotidiennement  la chronique, la qualité de son organisation collective et hiérarchique, la vie que le travail fait à chacune et chacun -pour elle, pour lui et pour leurs enfants- la qualité du lien social qu’il façonne et celle des rapports délétères qu’il implique avec la nature est devenue un problème politique cardinal. Le travail a le bras long et, quand ceux qui le font ne s’y retrouvent plus, il affecte tous les temps et les espaces de la vie.
La souffrance au travail, quand elle existe, n’existe pourtant qu’à proportion de possibilités créatrices à la fois immenses et ravalées : capacités, engagements, ressources psychologiques et sociales gaspillées, énergie perdue dans des organisations qui la dissipent au lieu de l’investir en création collective. De nombreux salariés, en colère ou désabusés  « en font une maladie », des maladies qui bousculent les frontières factices du corps et de l’esprit. De nombreux dirigeants ont compris que l’entreprise mérite mieux que cela. De plus en plus d’artistes aiguisent leur sensibilité et la nôtre aux vertus de l’imprévu si refoulé aujourd’hui et pourtant au principe même de tout travail réel.
Beaucoup de recherches montrent d’ailleurs que le travail n’est pas voué à ce destin. Il est un opérateur de santé majeur et peut être crédité d’une véritable fonction psychologique quand l’efficacité concrète des actes est au rendez-vous ; quand la performance financière reste seulement un moyen de donner un sens personnel et social à l’effort consenti ensemble. La santé au travail et hors travail pâtissent au contraire de la tyrannie du court terme qui empêche de travailler correctement pour soi et pour les autres. La performance elle-même est minée quand la finance devient un but en soi. Alors elle fait rage contre elle-même au détriment de la qualité de la vie sociale.
La rencontre que nous organisons au Sénat le 2 décembre veut mettre à profit les connaissances et les engagements dont nous disposons pour réfléchir et agir dans la conjoncture politique où nous sommes : là où est le problème est aussi la solution. Une reprise de l’initiative des acteurs réels du monde professionnel est envisageable autour d’un autre objet de confrontation que les conflits traditionnels du système de relations professionnelles à la française : le conflit de critères sur le travail de qualité dont chacun est finalement comptable s’il ne veut pas tricher avec le réel ni avec le sort des générations futures.
Un « nouveau professionnalisme » se cherche, ouvert, au-delà du travail, au dialogue avec les consommateurs, les usagers ou les clients qui sont aux premières loges du travail « ni fait ni à faire ». Au sein des Directions d’entreprises, du Syndicalisme, de la Recherche ou du Conseil, on peut encourager la levée du déni du conflit sur les critères du travail bien fait qui paralyse le monde professionnel. Ce déni met en péril la santé des femmes et des hommes et l’efficacité. Mais plus seulement. Il implique maintenant le « hors travail » et la « nature » dans des rapports sociaux qui les dégradent alors qu’il n’y a là rien de fatal. Autour de cette question, peuvent se retrouver -sans naïveté sociale- non seulement dirigeants et syndicalistes mais aussi experts, associations d’usagers ou de clients et élus préoccupés de l’empreinte du travail sur les territoires.
Sans doute une telle perspective implique-t-elle, au-delà de l’action politique, des efforts de recherche nouveaux et des coopérations entre disciplines scientifiques pour définir des thématiques inhabituelles. Ce sera l’objectif de cette journée que de réfléchir aussi bien à l’action possible qu’à l’engagement institutionnel pour soigner la recherche publique dans ce champ trop délaissé. (Présentation des organisateurs)

PROGRAMME

Matinée : 9h-12h30.
(Accueil à 8h30 porte 15 ter, rue de Vaugirard – Paris 6ème)
Mots de bienvenue de Jack Ralite, ancien ministre
Ouverture par Alain Berthoz, professeur honoraire au Collège de France, membre de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies.
Interventions de Yves Clot, professeur de psychologie du travail au CNAM,
Michel Gollac, directeur du laboratoire de sociologie quantitative du CREST, Président du collège sur le suivi des RPS,
Alain Supiot, Juriste. Directeur de l’Institut d’Études Avancées de Nantes.
Pierre Veltz, sociologue, Directeur de l’Etablissement Public de Paris-Saclay.
11h45. Table ronde avec des représentants des grands organismes de recherche (ANR, CNRS, INSERM, INRIA).
Après-midi : 14h-18h.
1er Table ronde avec :
Sébastien Sihr (SNUIPP), Alain Alphon-Layre (CGT), Emmanuel Couvreur (CFDT). Jean  François Foucard (CGC), Patrick Pelata (conseiller du Président de Renault-Nissan BV), Ludovic Tchoulfian (DRH France Becton Dickinson), Alain Lejeau (Mandataire MEDEF, membre de la CAT/MP), Dominique Reigner ( Cabinet conseil BPI).
2ème Table ronde avec :
Jack Ralite, Nicolas Frize (compositeur), Didier Bezace (Directeur du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers), Sylvie Giron (danseuse et chorégraphe).
Conclusions.